Par ses couleurs, ses lignes et son univers, l’architecte Michael Malapert transforme chaque hôtel en un lieu unique, charmant et joliment fou. On lui doit notamment le Chouchou Hôtel, le Boudoir des Muses à Paris, ou encore le Pam Hôtel à Nice. Rencontre avec un architecte convoité.
Texte Anne-Louise Sevaux / Photo de couverture Laura Stevens
Les histoires du lieu
Chaque projet hôtelier de Michael Malapert commence par une histoire, ou plutôt des histoires. Celles des lieux : les murs, le quartier, la ville, mais aussi celles de sa population et de sa clientèle. Une phase d’analyse indispensable qui lui permet d’écrire la suite de l’histoire, « de trouver un fil rouge ».
Une fois ce tableau bien en main, l’architecte choisit soit de rendre hommage à cette histoire, soit de créer un contraste fort. Comme au boutique-hôtel Chouchou, dans le 9e arrondissement parisien : « Il est implanté dans un quartier de bureaux, proche de l’Opéra Garnier, dans un bel immeuble haussmannien. L’idée ici était de prendre le contrepied de cet univers chic et sérieux pour en faire une guinguette urbaine très joyeuse. » La clientèle locale s’y évade dès la sortie du bureau, et croise les visiteurs de passage : un succès !
Un monde nouveau
Chaque projet est un univers en soi, et l’on retrouve dans chacun des établissements signés par Malapert et son agence (la bien nommée Maison Malapert) une certaine théâtralité de l’espace. On s’immerge dans un monde nouveau, le temps d’un verre ou d’une nuit. Envoûtant. « Dans un hôtel, on a envie d’être transporté ailleurs. Cela nécessite une véritable mise en scène. »
Au Boudoir des Muses, dans le quartier du Marais à Paris, l’expérience est totale. Des tableaux de femmes envoûtantes au motif du serpent, jusqu’aux noms des cocktails ou aux bains nichés au sous-sol… tout ici rend hommage à la double personnalité du lieu, qui fut tour à tour théâtre aux mœurs légères et couvent de jeunes filles. Cela ne s’invente pas.

La couleur comme une évidence
S’il n’y a pas la volonté de s’enfermer dans un style Malapert, on retrouve dans chacun de ses projets un goût pour l’artisanat délicat, une sensualité des matières et un usage précis de la couleur. « On aime avoir des couleurs signatures, qui transmettent la bonne vibration. Chaque lieu possède sa couleur, et en général, il faut avoir construit son histoire pour que la couleur apparaisse comme une évidence. »

Au Pam Hôtel à Nice, le rose poudré et le jaune pastel se sont imposés naturellement. On y retrouve une esthétique californienne, rafraîchissante et dépaysante, parfait écho à la Promenade des Anglais voisine.

Le challenge du casino
Et si, à l’écouter, tout semble simple, presque évident, certains projets représentent de vrais défis. Notamment le Chérie Cherry : un concept de bar pensé pour s’adapter à tous les casinos du groupe Barrière. « On est ici dans un univers très particulier, avec beaucoup de bruits, de lumières. C’est très chargé, un casino. Il fallait créer une pause au milieu de tout cela. » Il a donc fallu s’effacer pour mieux se faire apprécier, et offrir aux clients un moment de calme, hors du temps et des machines électrisantes. Le Chérie Cherry propose une ambiance feutrée, réconfortante mais toujours élégante. On y retrouve des banquettes généreuses, des touches de laiton, de bois, et un joli jeu de reflets au bar : hypnotisant !
Un rêve de Provence
La suite de l’histoire pour la Maison Malapert s’écrit à Madrid, à Nice, à Athènes et également à l’aéroport de Paris-Orly, où l’agence travaille sur le projet d’un terminal. « Un nouveau challenge passionnant ! »
Et dans ses rêves les plus doux, l’architecte évoque la Provence : « Une région que j’adore. J’ai une maison là-bas, j’y suis très souvent. » Un projet provençal à venir ? Il ne demande que ça !
Les dates clés de Michael Malapert
2000 : Début des études d’architecture et de design, « une révélation ».
2007 : Ouverture de son agence d’architecture d’intérieur, Maison Malapert.
2019 : Inauguration du Chouchou Hôtel à Paris.
2021 : Lauréat du Janus de l’Espace de vie pour le Chouchou Hôtel.
2024 : Ouverture du Boudoir des Muses à Paris.
Article paru dans le numéro 183 de RD – Résidences Décoration.




