En Californie, une maison en pierre ouverte sur l’extérieur

Pour construire Nua Nakūi, dans le village d’El Pescadero, en Basse-Californie, Jasmine Scalesciani-Hawken, architecte décoratrice et coach bien-être, a déplacé des montagnes, ou presque. Persuadée que les pierres ont une âme.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Alena Machinskaia et Jasmine Scalesciani-Hawken

Sardo-argentine, Jasmine Scalesciani, Hawken par mariage, a depuis l’enfance passé toutes ses vacances loin du monde, en des endroits sauvages, retirés, tant en Italie qu’en Argentine. Et eu la chance de vivre ses étés, gamine, en Sardaigne, dans une maison dessinée par Alberto Ponis, l’architecte sarde vedette des années 1960, une maison fondue littéralement dans la roche tourmentée alentour. Devenue adulte, coach en mieux-être, Jasmine a décidé qu’il était temps de trouver son lieu, un lieu qui lui ressemble et lui permette de concilier vie personnelle et vie pro. À savoir y vivre en famille mais aussi organiser des retraites ayurvédiques pour une poignée d’hôtes sensibles à l’environnement. Elle a cherché, cherché autour de Ojai, en Californie, où elle séjourne de longs mois. Jusqu’à ce qu’elle dégotte la perle rare, à condition d’avoir imagination et courage, dans un petit village mexicain, El Pescadero, à une heure de Cabo San Lucas, cité balnéaire au bord du Pacifique. Le bien : une propriété agricole de quelque 3 hectares proche de la plage, avec vue sur l’océan doublée d’un verger de dattiers, cocotiers, manguiers, etc., et annoncée par une allée de palmiers royaux. Une pépite. Ne manquaient que des roches et l’obligation de remettre en état la terre épuisée par une culture intensive et l’usage intempestif de produits chimiques. Mais le cadre exceptionnel se prêtait parfaitement à la construction d’une demeure écoresponsable, pour de temps à autre accueillir une poignée d’hôtes qui, sous la conduite de Jasmine, experte en retraites ayurvédiques et en jeûnes, viendraient se ressourcer. 

CONNEXION. Un patio de 25 m2, ponctué de roches extraites du terrain qui relie la maison principale aux différentes parties du domaine.
DÉCONNEXION. Coin relax, sous la cage d’escalier, encadré de pierres locales. Coussins, banquette, Jasmine Scalesciani-Hawken, tapis artisanal chiné sur un marché, lampes-bougeoirs fabriquées en Sicile.

La maison accueillant aussi des hôtes, entre 2 et 4, pour des jeûnes ou des retraites ayurvédiques, sa propriétaire, designer, a décliné nombre de nuances de blanc, pour créer une atmosphère apaisante.

CONCERTATION. Des poutres en bois de récupération soutiennent le plafond du salon à 5 mètres au-dessus du sol. Mobilier en rotin Txt.ure, lampe blanche, banquette, coussins, Jasmine Scalesciani-Hawken.

Alors, madame la propriétaire, très déterminée, a retroussé ses manches. Et, avec l’aide d’une dizaine d’artisans locaux, elle a assaini le terrain, déterré des roches, planté des fleurs, des légumes, des fruits, des herbes aromatiques, érigé la maison, très simple, largement ouverte sur l’extérieur. « Je voulais qu’on ait l’impression que cette construction, cette maison, était là depuis toujours, faisait partie du paysage. C’est pour cette raison que j’ai utilisé uniquement des matériaux locaux, beaucoup de pierre, du ciment poli, des matières naturelles, des objets artisanaux glanés sur les marchés. L’artisanat mexicain est riche, et de qualité. Mais, étant mi-italienne, mi-argentine, j’ai souhaité apporter à l’ensemble une touche européenne. Les menuisiers et les ébénistes m’ont suivie. Ils ont adhéré à mon projet, fiers de me souffler quelques idées, comme ces fenêtres inclinées entièrement faites à la main, mais aussi les multiples coins repos. »

ADMIRATION. La piscine et le living-room ouvrent sur les 3 hectares que Jasmine a plantés d’herbes aromatiques, de légumes et de fruits. Coussins, transats Jasmine Scalesciani-Hawken. Vintage, la table en bois et les fauteuils blancs pivotants italiens.
OBSTINATION. Parvenir à nicher, coûte que coûte, dans le mur de roche de la cuisine, assemblé à la main, le robinet surplombant un évier en pierre calcaire sculptée, face à la table vintage de 4 mètres de long.

« J’ai travaillé presque un an, 18 heures par jour, avec 10 personnes chargeant des pierres, mélangeant du sable, des cailloux, pour que Nua Nakūi soit l’exact reflet de mes rêves. »

OBSESSION. La salle de bains principale ouvre sur une immense galerie aux hautes colonnes où sont disposés les jarres et pots mexicains en terre anciens collectionnés par la propriétaire.
PASSION. Pour les meubles vintage trouvés au hasard des marchés locaux ou faits par des artisans. Cette cour intérieure dessert la chambre d’amis et la cuisine. 

Nua Nakūi décline deux entités, une maison principale, que l’on peut qualifier de privée, pour Jasmine, sa famille et ses amis, et une résidence d’hôtes baptisée « Bathhouse » au regard de l’immense pièce salon-salle de bains, dédiée aux soins du corps. Un patio recouvert de bambou relie les deux maisons, l’espace idéal pour prendre son petit-déjeuner, se retrouver le soir, écouter de la musique, regarder le coucher de soleil. Tous ensemble.

ÉVASION. Dans une des huit chambres ouvrant sur le jardin. Meubles et objets chinés, étagères faites sur mesure, linge de lit et rideaux en lin et coton tissés sur place. 
PLANTATIONS. Régénérée, la terre de la propriété, naguère polluée par les produits chimiques, usée par une monoculture intensive, fournit désormais toutes les plantes médicinales, les légumes et les fruits. Ici, Jasmine récolte la sauge.
IMMERSION. Dans la suite principale avec vue sur la ferme d’herbes, baignoire oversize, en béton ciré, réalisée par un artisan local, comme le sol. Appliques italiennes vintage en verre.

« La région et donc la maison sont divines d’octobre à avril, la température douce pour profiter tout à la fois des deux piscines, de l’océan, de la plage, partir en randonnée, à pied ou à vélo, c’est selon. » Nua Nakūi comble Jasmine, répond à tous ses souhaits, et comble aussi ses hôtes. À tel point qu’en parallèle de ses activités de coach bien-être, Jasmine développe désormais avec succès son concept de retraites en des lieux qu’elle imagine sur mesure tant pour des particuliers que pour des hôteliers.

Jasmine Scalesciani-Hawken, Designer, décoratrice autodidacte

© Amy Neunsinger

C’est pour accueillir quelques hôtes en retraite ayurvédique, ayant une idée précise de ce qu’elle souhaitait, que Jasmine a osé se lancer dans le design et la décoration de la villa Nua Nakūi, qui signifie « s’inspirer, se faire du bien ». Son coup d’essai s’est transformé en coup de maître. Désormais, sollicitée à travers le monde, elle travaille autant sur des projets résidentiels que sur des hôtels s’articulant autour de la méditation, le yoga, la durabilité.

Article paru dans le numéro 178 de Résidences Décoration.

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