Beau-Rivage Palace : ô temps, suspends ton vol

Sur les rives du lac Léman, à Lausanne, le Beau-Rivage Palace, A Leading Hotel of The World, écrit depuis plus de 160 ans l’histoire et le carnet mondain de la planète. En toute discrétion.

Texte Marie Godfrain

En 1861, le Beau-Rivage de l’architecte Eugène Jost ouvre ses portes, mais c’est en 1908 que Jacques Tschumi, fondateur de l’École hôtelière de Lausanne, le propulse au rang de palace en l’agrandissant. Dès lors, l’aristocratie et la haute bourgeoisie y posent leurs malles-cabines. Les voyageurs au long cours leur emboîtent le pas, séduits par le savoir-faire hôtelier suisse. S’y croisent ainsi au gré des soubresauts du monde les nobles russes exilés, les héritières anglaises lorgnant les éphèbes italiens, les intellectuels mondains avides d’idées nouvelles, les politiques influents dissertant à l’envi et les hommes d’affaires empressés. Sur le livre d’or défilent, de page en page, les signatures de Victor Hugo, Charlie Chaplin venu en voisin de Vevey, Coco Chanel fuyant Paris et les rumeurs la traitant de collabo, Richard Strauss composant quelques partitions romantiques, Francis Scott Fitzgerald avec son épouse Zelda et leur fille, John Kerry, secrétaire d’État américain qui, en 2015 et 2016, y rencontre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, pour évoquer la situation syrienne… Et aussi Winston Churchill, Nelson Mandela, Kofi Annan, Barack Obama, etc. En 2018, le cinéma s’empare des lieux avec les Rencontres du 7e Art, initiées par Vincent Perez. Léa Seydoux, Jean-Jacques Annaud, Paul Auster, Jean-Paul Rappeneau, Joel Coen ou encore Matt Dillon, découvrent l’hôtel, pour la plupart subjugués par les décors hors norme, inspirants de cet établissement aux 165 chambres et 12 salons, mais aussi par le Montreux, bateau à vapeur du XIXe siècle, lieu de réception voguant sur le lac.

Pierre-Yves Rochon vient de terminer la restauration de l’aile Palace, revêtant d’un design sobre les suites historiques. © Reto Guntil
La brasserie chic Café Beau-Rivage, qui les jours d’été accueille ses clients en terrasse, a également bénéficié d’une rénovation. © Grégoire Gardette
Pierre-Yves Rochon a aussi redistribué et décoré les longs couloirs de l’aile Beau-Rivage, la plus ancienne, datant de 1861. © Grégoire Gardette
Carte postale de 1910 montrant la magnificence du lobby-bar avec ses moulures et son mobilier d’époque. Restauré, il conserve son style fin XIXe. © DR

D’hier à aujourd’hui

Dans l’apparat de ses salons et le secret de ses jardins où une quinzaine de clients ont aménagé des sépultures à la mémoire de leurs chiens adorés, le palace tricote sa légende, d’événements privés en rencontres internationales. En 1912, sous la verrière du salon Sandoz, chef-d’œuvre Belle Époque, où les muses des Quatre Saisons batifolent avec les Amours, fut négocié et signé le traité de paix entre l’Italie et l’Empire ottoman, dit traité d’Ouchy. Côté lac, l’acoustique de La Rotonde séduit aujourd’hui encore musiciens et chanteurs, qui, tel le violoniste Renaud Capuçon, s’y produisent régulièrement.

Pour suivre la marche du temps, en 2012, le Beau-Rivage Palace entame une phase de rénovation orchestrée par l’architecte décorateur français Pierre-Yves Rochon, qui vient juste de s’achever. En parallèle, Alexandre Pierard, du studio Suprem Architectures, imagine un spa aux courbes voluptueuses auquel, depuis quelques semaines, la maison Guerlain apporte expertise et sensualité, avec entre autres « L’énergie du Tianzin », massage évoquant la réserve d’orchidées du Yunnan de Guerlain. Ballet de mains qui transporte loin, très loin, des lustres en cristal, des dorures patinées et des teintures soyeuses du palace lausannois.

Épicure en majesté

En 2009, la cheffe Anne-Sophie Pic ouvrait au Beau-Rivage Palace sa première adresse hors de France. Repensé par Tristan Auer, architecte d’intérieur, le deux-étoiles accueillera bientôt dans son nouveau décor ses addicts avec des menus inspirés du terroir suisse et des plats créés en collaboration avec des producteurs locaux. Le Beau-Rivage Palace, attaché à ses racines helvétiques, propriété de Sandoz Foundation Hotels, affirme dans tous les domaines son appartenance à la Confédération.

Beau-Rivage Palace, chemin de Beau-Rivage 21, 1006 Lausanne, Suisse.
Chambres à partir de 600 euros. brp.ch

Article paru dans le numéro 176 de Résidences Décoration.

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