Au sud de Bruxelles, cette villa à l’architecture entièrement repensée a changé d’allure en s’ouvrant davantage sur la nature. Ce cocon de verre moderne offre un cadre de vie lumineux ou la décoration est animée par des matériaux nobles, des pièces de design iconiques et des créations actuelles.
Par Agnès Zamboni / Photos Laurent Brandajls
Contrairement aux apparences, cette demeure n’est pas neuve, elle est le fruit d’une rénovation radicale ! « La recherche d’une parcelle vierge à bâtir dans la région du Brabant-Wallon s’étant révélée infructueuse, mes clients se sont rabattus sur la possibilité d’adapter une habitation existante », explique l’architecte Olivier Provoost.C’est donc le terrain qui a déclenché le coup de foudre. Et il avait largement de quoi séduire avec son ruisseau divisant le domaine en deux parties : d’un côté l’habitation avec un étang et, de l’autre, rien que des champs à perte de vue.
MIROIR NATUREL
Le plan d’eau constitue un élément majeur du projet. La construction s’y reflète et s’y dédouble. La conception de la maison est le résultat d’un dialogue incessant entre paysage et architecture. Une réflexion commune entre l’architecte Olivier Provoost et le paysagiste Christophe Spehar de l’agence Reliefs, a permis la revalorisation du site tout en renforçant ses caractéristiques d’origine.
Un rêve pour les propriétaires qui ont acheté le bien avant même d’obtenir le permis de construire pour pouvoir le transformer. Car l’ancienne bâtisse classique et sans caractère devait être totalement requalifiée pour entamer une nouvelle vie. Avec quelques contraintes cependant, comme l’accessibilité du chantier, rendue délicate à cause des rues étroites, ainsi que la préservation du jardin dans lequel tout devait être mis en œuvre pour reconstituer le biotope naturel, respect de l’environnement oblige.
Codes couleurs et lignes épurées se déclinent dans les moindres détails et installent l’harmonie.
Aidé de Benoit Buntinx et Baptiste Desmaret, Olivier Provoost a opté pour une architecture sobre, dissimulée de tous les côtés et invisible de la rue, à l’exception de son toit plat qui a fait l’objet d’une dérogation.
MODERNE ET CONVIVIALE
Dans la cuisine, séparée de la salle à manger par une verrière de style industriel, les aménagements sont en FENIX® noir mat et les larges niches en chêne naturel brossé. L’une d’elles est décorée avec les assiettes de Piero Fornasetti. Autour de l’îlot central, tabourets de barau piètement filaire « Miunn » de Lapalma. La robinetterie décline le modèle « Tara » de Dornbracht.
La toiture initiale à 2 pans a été supprimée et les architectes ont augmenté le volume sous plafond pour créer un espace généreusement vitré, encadré d’une maçonnerie blanche et souligné de lames de bois verticales. Il abrite le séjour, la salle à manger et le bureau qui profitent d’une double hauteur, décuplant l’ouverture sur le paysage. De part et d’autre s’harmonisent selon le même principe une extension pour la cuisine et une autre pour la piscine. Cette nouvelle façade se déploie aujourd’hui au bord de l’étang et offre, à la nuit tombée, le spectacle féerique de son reflet dansant sur l’eau.
DESIGN ET FONCTIONNEL
Dans la salle à manger, aménagée autour de l’œuvre centrale « Terra » signée Barbara Domken, le buffet enfilade « Stockholm » de Punt et les luminaires « Monkey Lamp » de Seletti ajoutent une touche ludique. Au plafond, suspensions « Beat » de TomDixon et, autour de la table au plateau de marbre réalisé sur mesure par un artisan, chaises «Bolla» de ImperialLine.
à l’intérieur comme à l’extérieur, le blanc, le noir, le bois et le verre se sont imposés. Et le souci du détail s’est porté jusqu’au choix des châssis en aluminium noir pour qu’aucun élément ne vienne rompre l’harmonie. Les propriétaires souhaitaient que le bâtiment soit immergé dans la nature et que, depuis la maison, la sensation d’être plongés dans la végétation soit restituée. Pari réussi !
La nature compose un tableau vivant qui évolue au rythme des saisons.
Les immenses baies vitrées, les châssis sans cadres sublimant les vues, le bois utilisé en bardage, l’orientation des pièces à vivre… tout concourt à produire cette impression. Les espaces respirent le bien-être, la convivialité et mettent à l’honneur un style de vie axé sur la relation avec l’extérieur. Mais l’enveloppe ne fait pas tout.
STREET ART AU SALON
Une fresque murale de Denis Meyer fait face au triptyque « Skateboards » de Jean-Michel Basquiat de chez The Skateroom. étagères String Furniture ; fauteuil blanc « Rico » Ferm Living ; sièges iconiques « CH07 », en chêne clair et cuir, création Hans Wegner, Carl Hansen & Søn ; suspensions « Bolle Sola » Gallotti & Radice ; ampoules dimmables « Warm Dimming » Modular Lighting Instruments ; foyer de cheminée « Luna » M Design ; baies vitrées en aluminium noir Schüco.
Sans cave ni grenier, l’intérieur devait être facile à vivre et adapté au confort moderne. Barbara Domken, la propriétaire, désirait de nombreux rangements intégrés, une arrière-cuisine comprenant une entrée directe pour déposer les courses, un accès par un vestibule pour enlever ses chaussures et comprenant un espace pour les chiens, des chambres polyvalentes évolutives et transformables après le départ des enfants…
La conception géométrique des espaces privilégié l’atmosphère dedans-dehors et fait participer l’extérieur au décor intérieur.
Une organisation en phase avec son temps en somme. « Nous souhaitions également que les pièces à vivre soient spacieuses, lumineuses. La double hauteur sous plafond était incontournable, quitte à sacrifier des mètres carrés à l’étage avec des chambres et des salles de bains plus petites », précise-t-elle. Les surfaces ont été optimisées grâce au décloisonnement qui a facilité la circulation et la communication.
PLEIN CADRE
La chambre parentale est orientée vers l’étang. La douceur de l’espace est accentuée par la présence du tableau « Nuées », une œuvre de Barbara Domken. Le petit guéridon ancien en acajou, héritage de l’arrière-grand-mère de Barbara, est surmonté d’un ancien bol berbère pour récolter le lait de chamelle, rapporté du Maroc.
Les agencements, conçus par Olivier Provoost, ont été également étudiés avec précision en concertation avec les propriétaires. Et pour parfaire le confort, un chauffage au sol a été choisi, alimenté avec une pompe à chaleur et des panneaux photovoltaïques.
La piscine parfaitement intégrée à la maison est décorée avec le meme soin que les autres pièces à vivre.
Les propriétaires ont également insisté sur la qualité des apports de lumière artificielle. Le dispositif d’éclairage Led lié à un système de domotique de la société K-Link est dimmable, c’est-à-dire compatible avec un variateur. Il reproduit la chaleur de l’halogène, une température de couleur des plus agréables à vivre et permet la gestion de la lumière par ambiance.
OLIVIER PROVOST
Avec Marie Raucent, architecte et professeure, il a fondé, en 2001, l’agence Arts & Architecture (maison, appartement, loft, immeubles et commerces, rénovation et construction neuve). Ils développent des projets globaux et finalisés jusque dans les moindres détails : conception du bâtiment, rangements intérieurs intégrés, architecture intérieure et choix du mobilier.
Dernière mission et non des moindres, la décoration a été orchestrée par la propriétaire, peintre et passionnée de design. Plusieurs de ses œuvres font vivre les murs aux côtés de celles d’autres artistes. Issue d’une famille de créatifs, Barbara peint principalement à l’acrylique, sur toile, dans différents grands formats parfaitement dimensionnés pour ces volumes. Ses œuvres, inspirées par les paysages, les voyages et ses artistes préférés (comme Mark Rothko, Pierre Soulages ou Nicolas de Staël…) dévoilent des explorations graphiques qui suscitent l’émotion à travers la couleur et le mouvement.
ECHAPPEE GRAND ANGLE
La piscine intérieure avec pool house, implantée parallèlement au ruisseau, est en polyester projeté et béton poli, Fiber Decor et Servi Diam. Le système de son intégré dans les pièces de vie, K-Link, alimente également la piscine. Tableau « Vortex » signé Barbara Domken ; meuble indonésien ancien chiné à Megève ; chaises longues Fermob.
Barbara sculpte aussi l’argile et parfois édite un bronze. « Nous avons conservé quelques meubles et objets décoratifs de notre habitation précédente, mais la nouvelle atmosphère aux accents rétro-vintage, conjuguant standards, rééditions de design et créations plus actuelles, a été spécialement pensée pour ce lieu », conclut l’heureuse propriétaire qui termine la visite par la piscine intérieure où l’on plonge aussi dans une ambiance chic et arty.
Reportage paru dans le numéro 157 de Résidences Décoration