Chez Rosita Missoni, la dame de fer

Récemment remanié, le pied-à-terre milanais de Rosita Missoni témoigne de son goût pour la couleur, la gaieté et la modernité, qu’elle a mis en pratique, depuis les années soixante, d’abord à la tête de sa maison de couture, puis aujourd’hui, à la direction de Missoni-Home, département dédié à la décoration. 

Rosita pose sur un canapé 80’s, hommage à Placido Domingo, surmonté d’un costume de Giacomo Balla pour les Ballets russes. Sur le sol en mosaïque, tabourets de starck (Kartell).

Magicienne depuis plus d’un demi-siècle du jacquard réinventé d’après les matières de Chanel, les couleurs du Bauhaus et les motifs ethniques, Rosita Missoni, toujours élégante et infatigable, inaugurait, fin janvier, sa dernière boutique, rue Saint-Honoré, au milieu d’une foule de hipsters parisiens, fans d’une griffe des sixties redevenue branchée. Le style Missoni adapté à la maison L’histoire de la marque commence lorsque Rosita rencontre en 1948 son futur mari, Ottavio, champion international du 400 mètres haies, aux jeux olympiques de Londres. Artistes tous les deux, ils fondent un atelier de couture dans la région de Varèse, tout près de la manufacture des grands-parents de Rosita où, petite fille, elle jouait déjà avec les coupons, les bobines de fil, les broderies. Après avoir séduit dans les années pop Anna Piaggi, Emmanuelle Khanh et Diana Vreeland, habillé Balthus, Rauschenberg, Bertolucci, Noureev, Spielberg, Rosita et Ottavio dirigent bientôt un petit empire. En 1994, leurs modèles, joyeux et colorés, seront même présentés au Guggenheim Museum de New York dans le cadre d’une exposition sur le miracle artistique italien d’après guerre. Lorsqu’elle dut prendre sa retraite et laisser les rênes de la création à sa fille Angela, Rosita ne put tenir que quelques semaines sans rien faire. Elle décide alors de s’occuper du style de Missoni Home, une filiale créée avec succès, « toujours à base de chevrons et de rayures, lorsque nous pressentîmes que la décoration intérieure entrait dans le domaine de la mode », dit-elle. Car Rosita a toujours aimé les maisons, ayant aménagé pour elle-même des appartements à Venise, Paris, Londres, une villa en Sardaigne, un chalet à Crans-sur-Sierre, en Suisse, où elle se contente de cueillir des champignons depuis qu’elle a abandonné le ski à la suite d’une fracture du genou. Comme elle aime la nature, sa demeure principale, entourée d’un jardin, se trouve à Sumirago, une petite ville face à la chaîne des Alpes, où a été implantée l’usine Missoni en 1969, et où vit également une bonne partie de ses enfants et petits-enfants. Cependant, en une heure de route, elle se rend très souvent à Milan, dans ce pied-à-terre récemment rénové de fond en comble. Situé au sommet d’un immeuble néo-classique de Piero Portaluppi affichant la forme étonnante d’un arc de triomphe, c’était depuis deux décennies un lieu de réception, servant aussi de show-room. Transformé désormais en domicile familial, il accueille les membres du clan Missoni de passage dans la capitale lombarde : une nombreuse tribu, très soudée, qui se consacre en grande partie à la firme textile. Sans doute un atavisme, puisque durant l’âge du Fer, du VIIIe au Ve siècle avant Jésus-Christ, la culture celtique de Golasecca, du nom du village natal de Rosita, prospérait déjà dans le commerce et le tissage !

Texte : Philippe Seulliet – Photos : Didier Delmas (N°123 p 100)

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